Les méthodes sociologiques
L'étude
des phénomènes sociaux se fait par le biais d'un certain nombre
d'outils qui permettent au sociologue d'appréhender des phénomènes dont
l'échelle dépasse ses possibilités de perception individuelle, mais
aussi de limiter les inductions qu'il fait au cours de
son travail. Parmi ces outils ont peut trouver :
* le
questionnaire,
* l'observation 'in situ' (participante ou
non),
* l'entretien,
* le récit de vie,
* l'analyse en groupe (ou 'focus group'),
* l'analyse
de contenu,
* l'herméneutique,
* l'analyse statistique,
* l'analyse des réseaux sociaux.
Le
sociologue est avant tout un être humain avec, entre autre, des
sensations, des impressions et des opinions. Pour s'affranchir de cet
état lors d'une recherche, l'application de méthodes reconnues par ses
pairs permet au chercheur de légitimer son approche d'un phénomène
social. Quoi observer ? Pourquoi ? Telles peuvent être les premières
questions d'un chercheur sur l'objet de sa recherche. Généralement, les
méthodes sociologiques se scindent en deux catégories complémentaires ;
les méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives.
Méthodes quantitatives
Les
études quantitatives permettent l'étude des ensembles, la comparaison
des unités vis-à-vis de tendances générales. La précaution à prendre au
préalable est de définir des unités comparables et les indicateurs,
ainsi que de savoir précisément ce que le chercheur veut comparer. Les
limites des études quantitatives sont atteintes lorsque le chercheur
s'interroge sur un phénomène unique ou sur des trajectoires
biographiques. Les statistiques et les sondages sont les outils principaux de l'étude
quantitative.
Méthodes
qualitatives
Observation détaillée,
description de situation, c'est-à-dire une analyse de discours, un outil
de codage qui permettent de faire ressortir les typologies, des
tendances générales etc. Ainsi, parmi les méthodes utilisées dans
l'enquête sociologique, on retrouvera notamment l'entretien et
l'observation.
Paradigmes
Sociologiques
Deux points de vue s'opposent
souvent à l'intérieur de la sociologie : le paradigme holistique
d'Émile Durkheim et le paradigme atomistique
défini par Max Weber.
Paradigme holistique (Durkheim)
Celui
d'Émile Durkheim est dit paradigme holistique. Pour lui et ceux
qui se réclament de son héritage, la société est un holon, un
tout qui est supérieur à la somme de ses parties, elle préexiste à
l’individu et les individus sont agis par elle. Dans ce cadre, la
société englobe les individus et la conscience individuelle n'est vue
que comme un fragment de la conscience collective.
Selon ce
point de vue, l'objet des recherches sociologiques est le fait social,
qu'il faut traiter comme une chose, sa cause devant être cherchée dans
des faits sociaux antérieurs. Le fait social, qui fait l'objet d'une
institutionnalisation, est extérieur à l’individu et exerce une
contrainte sur ce dernier. Les individus sont donc encadrés dans des
institutions, elles-mêmes insérées dans des structures homologues les
unes par rapport aux autres. La sociologie est alors la science des
invariants institutionnels dans lesquels se situent les phénomènes
observables.
Marcel Mauss imprimera une
inflexion significative à cette doctrine en arguant de la nécessité de
décrire complètement et dans leur totalité les formes dans lesquelles le
phénomène apparaît pour révéler leur secret. Analyser le concret
interdit de négliger la sensibilité au vécu.
Plus récent mais
certainement porteur, Jean Baechler a développé un paradigme entre
l'histoire et la sociologie, une méthode qui reprend certains axes des
études simmeliennes, et qui se pose sur les fondements des critiques de
la raison historique rencensées par R. Aron pour rendre compte du
devenir des phénomènes sociaux macroscopiques. Voir "Nature et Histoire" (PUF) ou "Esquisse d'une histoire universelle"
(Fayard)
Paradigme
atomistique (Weber)
Le point de vue de Max Weber est différent, c'est le paradigme
atomistique. Pour lui, et plus certainement encore pour Georg Simmel, chaque individu est un atome
social. Les atomes agissent en fonction de motifs, intérêts, d’émotions
propres et sont liés aux autres atomes. Un système d'interactions
constantes entre les atomes produit et reproduit la société.
Selon ce
point de vue, l'objet des recherches sociologiques est l'action
sociale. Les acteurs n’agissent pas de façon mécanique. L’accent est
porté sur la cause des actions sociales et le sens donné par les
individus à leurs actions. On ne cherche plus des arrangements
d’institutions mais un horizon de significations qui servent de
références. L’institution est là mais elle sert les motifs et les
intérêts des agents et les serre : c'est la « cage de fer » de la
bureaucratie.
Autres
paradigmes
D'autres paradigmes fonctionnent
dans la sociologie. On peut citer l'idée que toute société doit
organiser les conflits que fabriquent nécessairement les inégalités
fondées sur des différences. Les concepts constituent un des outils qui
permettent de décrire/interpréter le réel avec assez de rigueur pour
élaborer une connaissance qui tende vers la scientificité. Ainsi, Durkheim a construit le concept de « fait social »,
celui d' « anomie ». Plus près de nous, Pierre Bourdieu a développé ses analyses grâce aux
concepts d' « habitus », de « reproduction ».